K E E P Y O U R M O U T H S H U T

C’était incontrôlable. Je pouvais penser, mais je ne pouvais plus contrôler mes spasmes. Tous mes muscles se déchaînait à en faire trembler les murs, ma langue se creusait un chemin jusqu’à ma gorge, m’entravant la voie respiratoire. Mes yeux étaient ouverts, mais je ne voyais rien, que la noirceur de mes paupières à-demi rabâchée. Je gisais ainsi, seul monde, sans pouvoir appeler à l’aide au centre de la salle de bain. Ma tête frappait encore et encore sur le plancher de céramique noir, bientôt je perdrai conscience. C’était toujours la même chose et tout ce que je pouvais c’était attendre et me morfondre. Mes crises devenaient de plus en plus fréquente, non que ma maladie s’aggravait aux heures, mais bien parce que j’étais un irresponsable incorrigible. Je savais les règles, elles étaient simples et facilement exécutable… mais j’avais besoin d’alcool, sinon aussi bien mourir maintenant, de dépression. Le poison m’aidait à ne plus y penser, c’était devenu une habitude. Mais narcotiques et médicament n’ont jamais fait bon ménage, alors c’est le résultat; moi grouillant comme un vers de terre sur l’ecstasy. J’étais épileptique. Je ne sais trop la suite, mais j’ai cette image gravé dans ma mémoire endommagée. Je le reconnaîtrais parmi cent milles, lui et sa caméra. Je n’avais pu parler, j’étais déjà ailleurs. J’aurais voulu lui crier d’arrêter de filmer, de m’aider plutôt, mais ma langue paralysé m’étouffais toujours. C’était ça le pire, je m’en tirais toujours seul et je n’avais jamais eu besoin d’aide, mais le hasard l’avait mis sur mon chemin à la mauvaise heure, à la mauvaise place… et maintenant il devrait lier sa langue à son tours.

La nuit fut longue et douloureuse, mes muscles étaient tous meurtris sans exception, mais ma tête était bien le pire. J’ignorais comment j’avais atterrit dans ma suite, tout était encore flou, mais j’avais cet homme en tête, et l’image ne me quittais plus. C’était vraiment important que je le retrouve, il fallait qu’on cause. Peu importe mon état, je devais me lever immédiatement. Le simple geste m’arracha un cri, c’était comme si je m’étais battu sans adversaire. Je pouvais imaginer mon dos, mon ventre, mes épaules, le derrière de ma tête… tout devais être couvert d’équimoses. Je ne voulais pas voir, je m’habillai sans regarder et puis je commençai ma recherche. J’allai dans le lieu le plus peuplé, mettre toutes les chances de mon côté. Il était là, comme tous les autres passagers de la croisière, mais je ne voulais pas provoquer les regards alors j’attendis. Jamais mes yeux n’avaient autant tenaillé une personne, plus je le regardais et plus je confirmais que c’était bien lui. Quand enfin il eut terminé il s’engagea dans un corridor, je le suivis de près. Quand enfin je cru l’endroit isolé je criai;

« Hey toi! » Je m’approchai de lui, mes mains se saisissant de son collet et je le plaquai contre le mur à droite
de nous.

« Tu te souviens de moi? » Je priais pour qu’il dise non, mais je savais qu’on n’oubliait pas une telle vision horreur. Je contrôlai ma grimace, bon sang j’avais mal.

« Où elle est ta caméra hen? Tu trouves ça marrant de filmer des gens sans leur autorisation? » Et bien pas moi.

Il ne tentait même pas de fuir mon regard, il était tenace et je le détestais pour ça. En grand manipulateur moi-même, j’avais toujours eu un faible pour la victime facile, non que je n’aime pas le défi, mais bien parce que j’aimais voir la terreur dans leurs yeux quand je devenais… disons plus physique. « Je fais bien ce que je veux … Non ? Monsieur a quelques soucis qu’il désire cacher, c’est ça ? Dans ce cas … Ne sois pas idiot et sois gentil avec moi. » Je resserrai mon emprise et grinçai des dents. Il ne savait clairement pas qui j’étais, il n’allait pas tarder à le savoir.

« N’assume pas pour une seconde que tu sais qui je suis ou ce que j’essaie de faire! Parce que je peux t’affirmer tout de suite que tu te trompes, sur tout. » Il continuait de sourire comme un idiot, comme si je cèderais sous une telle menace, complètement futile.

« C’est tout ce que tu as? Il ne m’a fallu que d’un regard pour savoir quel genre d’homme tu étais, tu ne ferais jamais rien contre moi ou qui que ce soit. Tu es faible. » Même si j’avais tort je pouvais lui faire mal par ces paroles, n’importe qui le serait. Dit moi une fois que je suis faible et ça ne sera pas long que tu entreras dans ma liste rouge.

« Alors? Elle est où cette caméra? » Je laissai une seconde son collet pour lui tâter les côtes à la recherches de l’appareil, mes mains glissèrent sur lui sans sensualité, sans arrière-pensées autres que de trouver ce que je cherchais. Sans gêne mes mains s’immiscèrent dans ses poches de pantalons, mais sans rien y trouver, puis je continuai mes fouilles en descendants jusqu’à ces chevilles. Rien.

« Tu m’aurais rendu la tâche tellement plus facile… tant pis je suppose que je vais devoir employer les grand moyen. Quel est le numéro de ta chambre? Dit le moi ou sinon… » Je tendis le poing en l’air, le brandissant sous son nez pour qu’il comprenne bien à quel point j’étais sérieux. Je ne me reconnaissais définitivement plus, je n’avais jamais été si sauvage, si cruel. Faut croire que cette cause me tenais vraiment à cœur, ce secret était tout. Pas une âme ne devrais savoir, surtout pas un inconnu qui l’avais probablement déjà raconté au premier passant… quel cauchemard.

« Je n’ai pas dit que je savais ce que tu avais, ne t’emballe pas trop vite. J’ai dit secret comme j’aurais pu dire autre chose, cependant ; il faut dire que venir vers moi en m’agressant pour que j’efface ma vidéo est suspect. » Aoutch. C’était cette stupide impulsivité aussi qui avait tout gâché. Et puis peut-être qu’un peu de cette rage ne lui était pas directement destiné à lui, peut-être aussi que c’était juste un événement de plus qui me ramenait à la réalité et jamais ne me laissais oublié que je n’étais pas le gars typique dans sa vingtaine. « J’aurais pensé autre chose si tu avais été plus calme et plus aimable, vois-tu. Et tu aurais d’ailleurs pu obtenir ce que tu voulais si ça avait été le cas … La manière douce, tu connais ? » J’y repensai prochaine fois, merci. J’hochai la tête, haussai le épaules, j’étais complètement muet. Je détestais quand on me sermonnait, surtout que là, il avait totalement raison. En plus il n’avait même pas eu peur une seconde, c’était ce qui rendais la chose encore plus ridicule… tout ce cirque n’avait servi à rien, et m’avait même désavantagé pour être sincère. « En plus, ta fouille corporelle, bien qu’elle ne m’ait pas déplu, c’était un peu fort non ? » Un point d’interrogation illumina mon visage, comment pas déplu? Je n’avais pas le temps de lui demander d’explication qu’il continuait son discours et je me pressé d’y rattacher mon attention pour ne rien manquer. « Ensuite je te répondrais que … Ma vie c’est ma caméra. Si tu avais une quelconque joie de vivre, tu aurais une passion. Tout le monde en a une. Une passion qui te fait te lever le matin, te fait sourire et qui te donne tout simplement une utilité. T’as déjà eu l’impression d’être invisible ? Tu sais ce que c’est ? Moi oui. Mais plus depuis que je l’aie. De toute façon ce sont mes affaires. » Un demi sourire me rattrapa, peut-être que nous n’étions pas si différent après tout.

« J’ai été invisible toute ma vie, mes parents ne savent probablement pas ou je suis en ce moment, ni ce que j’ai… » Gourde. Mes yeux dévièrent, mon cœur pompa, je priais pour qu’il ne remarque rien. « Je veux dire, ce que j’ai fais de ma vie… c’est à ce demander si j’étais un accident. » Mon regard ce perdu dans l’horizon, c’était la première fois que je le disais à voix haute. J’en étais de plus en plus convaincu, ma mère n’avait jamais eu la fibre maternelle et mon père, j’ai dû le voir un gros six heures dans toute ma vie. « Sinon, une passion, je ne crois pas en avoir, vraiment. » De quoi me faire réfléchir encore plus ce soir, beau travaille de psychologue que cet homme faisait. Nous nous quittèrent enfin, mais je me surpris à vouloir le retenir, ce que je fis. Ce n’était pas réellement ce que je voulais lui dire, mais j’insiste sur le fait que je devais voir la cassette détruite, sinon il m’aurait toujours à ses basques. « Et pourquoi mentirais-je ? Je n’y vois pas d’intérêt, de plus, le mensonge, c’est moche. Si tu t’engages à ne pas démolir ma caméra en la voyant, je veux bien que tu m’accompagnes jusqu’à ma suite pour que tu sois certain que je l’ai effacée. Mais il faut que tu me promettes avant, sinon je risque de m’énerver. » Il m’avait pris au piège, c’était pitoyable. Je soupirai.

« Parole de scout. » Je levai deux doigts en l’air et les posai sur mon cœur. Aucune idée de ce que je faisais, mais bon. Vint enfin le temps des excuses et des présentations. « Moi c’est Isodore, et je suis à peu près enchanté de te rencontrer, Jeremiah. Ca aurait été parfait si tu avais été plus délicat, bien entendu. » Isodore? Quel drôle de nom. Aucune chance que je l’oublis, tant mieux.

« Le presque plaisir est partagé. » Je souriais de toute mes dents en empoignant fermement la main qu'il me tendait.« Mais j’essaierai ta méthode à l’avenir en tout cas, je crois que j’ai appris la leçon. » On se croyait à l’école, et lui, c’était le maître. Je détestais toute la scène, du début jusqu’à ce moment, il était l’heure de partir à neuf. « Ne t’en fais pas, je suis une tombe. Et oui, tu n’as pas vraiment l’air de la brute qui frappe pour le plaisir, ton agressivité est donc toute pardonnée et peut-être même en partie justifiée. »

« Pardonné j’aime bien, justifiée je ne crois pas moi-même. Le mieux serait d’oublier. » Comme je semblait déjà l’avoir fait. Quand je le regardais je ne voyais plus une menace, mais une aide.« Allez viens, suis-moi. » Il n’eu pas besoin de me le dire deux fois, nous nous mirent en marche vers je ne sais ou encore. Mais une question me revenait en tête alors que nous marchions, je me sentais déjà ridicule d’avoir à demander, comme si ça importait, mais c’était cette stupide curiosité qui avait toujours le dernier.

« Quand tu dis que tu ça ne t’as pas déplu… je veux dire… ce que je demande… es-tu gai? » Déjà là tout sonnait faut. Pourquoi je demandais déjà? Ah oui c’est vrai! Parce que je suis stupide comme ça.

« Je vois tout à fait ce que tu veux dire. Mais c’est peut-être mieux comme ça tu sais. Se forcer n’amène à rien de bons et quoi de pire que des parents hypocrites ? Hmm. »Enfin quelqu'un qui me comprenais et qui ne disais pas tout simplement que je me trompais. Il y en a qui croit que tous les parents aiment leurs enfants, parce que c'est généralement le cas, cela n'en faisais pas une exclusivité. Les miens n'avaient franchement jamais démontré le moindre intérêt en ma personne et depuis le temps, j'avais fait la paix avec ce fait. J'avais trouvé l'amour ailleurs, enfin, je l'avais trouvé une fois et je l'avais bien vite regretter. J'hochai la tête positivement, reconnaissant de sa franchise. « Je ne pense pas que ce soit vraiment une grande perte. Ca paraît horrible de dire ça mais au final tu te rends compte que tu vis mieux avec personne sur le dos, surtout s’ils te mettent des battons dans les roues. Règle numéro une, ne pas s’attacher, c’est mieux. Si après tu fais le con et tu n’arrives pas à faire autrement, donne tout pour ne pas perdre les personnes que t’aimes. » J'esquissai un sourire.

«Je crois qu'on va bien s'entendre Isodore. J'assume que tu as appris la leçon de se battre pour ceux à qui on tient que quand il était trop tard?» Je le disais, parce que c'était mon cas. Après Quinn j'ai tout perdue, d'un côté je me suis dit que je ne recommencerais plus jamais... mais ce n'était que le découragement de toute avoir à refaire. Ayant à tout refaire, je me serrais battu, pour elle, pour la ravoir. Au dépend de mon frère? Oui, sans même hésité. Je l'avais réellement, tellement, follement aimé, c'était assez romantique quand on y pensait... mourir et n'avoir aimé qu'une femme. « Mais en fait on se rend compte qu’on ne peut pas ne pas s’attacher. Tout le monde nous marque d’une façon ou d’une autre. » Pour ça il avait raison. Mais j'arrivais généralement à me retirer avant que tout devienne trop sérieux. « Je crois que avoir une passion est nécessaire pour vivre. Sinon il n’y a plus aucun intérêt, mais la découvrir et l’apprendre est le plus intéressant. »

« Me reste plus qu'à découvrir ce que c'est alors!» Oui, si j'avais un peu de chance, peut-être que je réussirais à tout faire avant de m'éteindre. «Vivre, je suppose que c'est ce qui me passionne. Tout essayer, tout faire, mais ne jamais rien espérer ou vouloir.» Oui, je suppose que c'était ça. Il me sermona légèrement sur ma façon d'employer la violence comme solution à un problème. Je baissai les bras et avouai qu'il avait sans raison. « Tu apprendras à l’avenir que j’ai toujours raison et ma méthode est la meilleure. Du moins, avec les gens comme moi. Sinon il est vrai que la tienne est parfois obligatoire. On pourrait faire une bonne équipe. » Je ne pu m'empêcher de rire, j'aimais bien l'idée du moins.

« Enfin... toujours c'est grand. Tu me laisserais avoir raison quelques fois au moins?» C'était comme si je l'avais toujours connu, j'aimais bien sa compagnie et j'avais peine à me l'avouer. « On dit que la première impression est la bonne ! Oh je ne vais pas oublier mais je ne t’en veux pas. Ca met un peu d’action au moins. » Il vivait véritablement dans un film. Toutes mauvaises actions pouvaient être excusé par son originalité, je crois que j'allais bien aimé vivre dans un film constant. Ça me donnerait l'envie d'être excentrique, d'osé.

«Merci d'être aussi indulgent.» Je posai ma main sur son épaule et étonnement le contact me sembla naturel, je ne retirai ma main que lorsque nous sommes arrivé. Je lui demandai son orientation sexuel, que pour savoir. « Ne t’en fais pas va, t’es pas mon genre ! » Je me surpris à ne pas aimer cette réponse. Ce n'était pas pour cela que je demandais et de plus... pourquoi n'étais-je pas son genre. Il me sembla perdre deux pieds, j'étais si petit face à cet homme. Pourquoi cela me touchait? Aucune idée, mais le fait restait le même.

« Ce n'étais pas pour ça que je demandais, ça ne m'aurait pas dérangé.» J'avais faillit dire déplu, mais je réussi à le retenir. Ne perdons pas la face deux fois en une heure, déjà que c'était trop. Il ouvrit la porte et entra, je le suivis sans gêne. « Fais comme chez toi, surtout. Ca ne devrait pas prendre trop de temps. » Il avait déjà sa caméra en main.

« Pas de problème, j'avais rien de prévu aujourd'hui de toute façon.» Dire de faire comme chez soi n'aidait jamais à rendre l'hôte plus à l'aise, je n'y faisais pas exception. Je restai planté devant le cadre de la porte, le fixant comme s'il n'y avait que lui. J'étais pourtant curieux d'ordinaire, mais je ne sais pas, je voulais voir ce qu'il faisait.

«J'ai une question bizarre.... ehh... tu peux me dire ce qui te déplaît chez moi?» Bon sang... j'aurais aimé pouvoir reculer dans le temps. Je baissai la tête, quel con merde.

« Oh tu penses ? Peut-être, on verra bien ? Et oui. Enfin se battre est un bien grand mot puisque quand quelqu’un est perdu, il est perdu. Alors non je ne vais pas dire que je me suis battu, en réalité je n’ai pas fait grand-chose. Mais j’aurais voulu ! C’est déjà ça … Mauvaise aventure, toi aussi ? Je compatis hmm. Si jamais t’as envie d’en parler. » Je baissai la tête, car je ne savais pas quoi répondre. J’aurais pu creuser un peu plus pour en savoir plus sur lui et son passé, mais c’était le genre de chose que je n’aimais pas qu’on me fasse, alors pourquoi le ferais-je à Isodore? Alors je me contentai de parler de moi, sans vraiment en dire trop, mais ça devenait de plus en plus difficile de tout retenir, lui à sa gueule de mec à qui on peut faire confiance commençaient à littéralement me… me séduire, puisqu’il n’y avait aucun autre mot.

«Mauvaise aventure oui, mais ce n’est pas exactement pour ça que jamais plus je ne me battrai. Peux-tu y croire? Je n’ai aimé qu’une seule femme dans toute ma vie… je crois qu’il y a quelque chose qui cloche avec moi.» J’espérais sans doute de lui qu’il me corrige, mais je savais déjà qu’il n’était pas du genre à mentir pour rassurer. Une qualité rare, mais que j’appréciais énormément. No bullshit. « Vivre est une passion bien intéressante, je te l’accorde ! Plus d’espoir, aucun ? C’est pas un peu ennuyeux dis-moi ? Je sais que sans ça je ne serais rien. C’est peut-être pour cette raison que j’y accorde autant d’importance, sinon je serais banal et alors personne ne ferait attention à moi. C’est ce que tu veux ? C’est un choix. »

«Ce n’est pas ce que je veux, et ce n’est pas un choix pour moi… c’est juste ainsi. Je n’ai plus d’espoir parce qu’on me les a tous enlevé le soir où...» Je me frappai mentalement, merde, j’avais vraiment failli tout échapper. «Faudrait que j’apprenne à me taire.» Dis-je ensuite pour éveiller encore plus de soupçons, félicitation Jay. La marche fut longue, mais courte jusqu’à ses appartements. Jamais de silence, jamais de malaise, c’était assez unique de rencontrer quelqu’un et de tout de suite bien s’entendre et croyez moi, j’étais le premier surpris. Puis plus le temps avançait plus l’odeur de l’adieu faisait surface, mais nous étions peut être sauvés, Isodore avait parlé. « Rien de prévu ? Tu passerais ta journée avec moi ? J’savais pas quoi faire aujourd’hui. Puis … Tu passes bien à la caméra. » Je cachai un sourire, trop soucieux de préserver mes apparences d’homme qui n’en a rien à foutre du monde pour s’émerveiller à l’idée de passer la journée avec un autre homme.

«Puisque la caméra est un élément essentiel, d’accord, mais ce sera chacun notre tour Isodore, tu devras être le sujet également.» Cette idée était nouvelle, je n’avais jamais utilisé une caméra et j’étais presque certain qu’il ne me laisserait pas la toucher. Mais c’était ma condition pour qu’il l’amène. Je découvrais qu’il était gay et que je n’étais pas son genre, puis m’offusquais à cette révélation, la deuxième. « Je mentais. J’avais pas envie de te mettre mal à l’aise voilà tout. Sinon t’es tout à fait mon type de mec mais je doute que ce soit réciproque ! T’es hétéro toi, non ? »Je fis un pas en arrière, comme s’il venait de me gifler. Il me prit plus de temps pour y répondre qu’il n’aurait dû en prendre. Sans doute parce que je le réalisais pour la première fois.

« J’aime les femmes oui… mais… je n’ai jamais… comment dire? Essayé avec un homme.» Je n’arrivais pas à croire que ces mots sortaient de ma bouche. «Bisexuel jusqu’à preuve du contraire, n’est-ce pas?» C’était toujours ce qu’une amie disait, mais je n’y avais jamais porté attention avant aujourd’hui.

«Comment t’as su toi? Tu l’as toujours su ou bien tu as d’abord embrassé une femme pour le découvrir?» Mais qu’est-ce que? Ce genre de question devenait personnel.